Pour améliorer les études sur le climat, et particulièrement la connaissance des orages et des pluies, Urbain Le Verrier, directeur de l’Observatoire de Paris, décide, en 1865, de faire appel à des citoyens désireux de s’impliquer quotidiennement pour densifier le réseau d’observations météorologiques existant. Ce réseau a été intégré après-guerre au Réseau climatologique d’État (RCE).
En 1865, Urbain Le Verrier, directeur de l’Observatoire astronomique de Paris, crée les commissions départementales qu’il charge de l’étude des orages. Le principe de ce nouveau réseau est le bénévolat, aussi bien pour les observateurs que pour les membres des commissions. Le décret du 13 février 1873 leur attribue officiellement les travaux de climatologie. Une partie d’entre eux paraît sous la forme d’un Atlas des orages en 1866 et de sept volumes d’Atlas météorologiques contenant les résultats des observations départementales de 1865 à 1876.
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Le 5 mars 1879, la circulaire de Jules Ferry, ministre de l'Instruction publique, pose les bases de la réorganisation des commissions départementales en uniformisant les pratiques. Cette circulaire rappelle que « les travaux des commissions départementales doivent avoir surtout pour but l'étude des orages, de la grêle, de l'état du ciel et de la distribution des pluies. Les commissions devront donc choisir les stations, déterminer les points où il conviendra d'installer des pluviomètres, surveiller l'état des instruments, multiplier les observateurs et enfin centraliser toutes les données ainsi recueillies ».
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À partir de 1879, le réseau compte au moins un observateur bénévole par canton français. Ils sont choisis parmi les instituteurs, jardiniers, agents des Ponts et Chaussées, agents voyers, agents des forêts, gendarmes, employés des postes télégraphiques ... ou « simples » particuliers puisque les postes bénévoles pouvaient être collectifs ou individuels. Le nombre de pluviomètres installés passe de 525 en 1867 à 1 069 en 1879.
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Chaque commission météorologique départementale publie annuellement les tableaux d’observations de ses observateurs, généralement assorties de la description du temps de l’année écoulée et de statistiques climatologiques. Certaines commissions publient encore aujourd’hui leurs bulletins.
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Les commissions départementales participent également aux publications nationales du Bureau central météorologique. Mensuellement, elles réalisent des cartes de pluies relatives à leur département, qui sont ensuite adressées au Bureau central météorologique pour la construction des cartes générales de répartition des pluies. La carte présentée ici a été réalisée sur la base des observations des 2 083 postes pluviométriques bénévoles répartis sur la France en 1910.
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Pour récompenser leur dévouement et le service rendu, le Bureau central météorologique décerne aux observateurs bénévoles, dès 1884, des diplômes ou des médailles à l’effigie d’Urbain Le Verrier : de bronze pour dix ans d’observations continues, d’argent pour quinze ans et de vermeil pour vingt ans. Cette tradition perdure.
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Jusque dans les années 1930, les observations des bénévoles sont contrôlées par les commissions météorologiques départementales. La majorité des bénévoles ne mesurent que la pluie et doivent remplir un tableau en deux parties. Dans la première, ils notent la direction et la force du vent, la direction des nuages et l’état du ciel chaque matin à heure fixe. Dans la seconde, ils relèvent chaque jour à 9 heures la hauteur totale de pluie tombée depuis la veille.
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En plus des tableaux d’observations, certains observateurs rédigent des cartes-orages à partir des années 1940. Chacune, remplie le jour J, décrit avec précision l’orage ou la grêle survenus (heure de début et de fin, dégâts causés, communes concernées ...).
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Même si la mission fondamentale des postes bénévoles a toujours été l’observation des pluies, certains mesurent également la température. En plus d’un pluviomètre, ceux-ci sont équipés de thermomètres avec un abri.
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Les postes bénévoles utilisent jusqu’à la fin des années 1960 le pluviomètre « Association » diffusé par Urbain Le Verrier. Il est aujourd’hui remplacé par le pluviomètre « SPIEA », en plastique transparent. L’eau de pluie est emmagasinée dans la partie inférieure sur laquelle est apposée une échelle graduée pour lire directement la hauteur d’eau de pluie tombée depuis la veille.
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Les observateurs bénévoles qui mesurent la température de l’air doivent remplir, de 1921 à 1938, l’imprimé ONM 66. L’observation de la température doit être faite tous les matins à la même heure (7 heures) en conservant toute l’année l’heure d’hiver. Le matin, on relève la température maximale et la température minimale des dernières 24 heures à l’aide de thermomètres à minima et maxima.
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Dès 1921, l’Office national météorologique rédige des instructions pour permettre aux observateurs bénévoles de remplir les tableaux météorologiques imprimés. Chaque colonne du tableau y est soigneusement détaillée et fait l’objet de règles précises pour noter les observations réalisées.
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À partir du 1er janvier 1947, les observateurs bénévoles sont intégrés au Réseau climatologique d’État dans le but d’homogénéiser des pratiques météorologiques trop dépendantes de leur rattachement aux commissions météorologiques départementales. Tous les postes, professionnels ou bénévoles, sont désormais administrativement, financièrement et techniquement rattachés à l’Office national météorologique. Depuis 1938, celui-ci fournit aux postes pluviométriques et aux postes thermo-pluviométriques le même tableau d’observations (imprimé ONM 433).
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La Météorologie nationale instaure également des fiches de renseignements pour chaque poste bénévole. Les premières fiches contiennent le plan des lieux, des renseignements sur les observateurs et sur les instruments de mesure utilisés.
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À compter du 1er janvier 1959, la Météorologie nationale demande à tous les observateurs de remplacer leur tableau d’observations MN 433 par un nouvel imprimé dit MN 683. Celui-ci était ensuite envoyé par la Poste et reproduit par procédé héliographique pour le centre météorologique du département et la Direction de la Météorologie à Paris.
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La saisie des imprimés météorologiques est désormais informatisée : les quelques 3 700 observateurs peuvent envoyer à Météo-France leurs observations en temps réel via un site internet. Les observations sont récupérées chaque jour à 10 heures, validées par les centres de Météo-France puis insérées dans la base de données climatologiques nationale.
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Aujourd’hui encore, Météo-France compte 3 692 observateurs dont environ un tiers mesurent la température. Ceux-ci assurent un maillage des observations météorologiques sur l’ensemble du territoire français, même dans des lieux extrêmement reculés comme ici, en Amazonie.
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